Le 5 octobre 2021, j’ai pris la meilleure décision de ma vie. Après des années de détresse, j’ai finalement pris mon courage à deux mains pour consulter une psychologue. Sans que mes proches ne le sachent, j’avais, à cette époque-là, complètement perdu goût à la vie. Démoralisée, je trouvais refuge dans le sommeil car dormir était le seul moyen pour moi de faire taire mes pensées négatives. Durant cette période, pas un jour ne passait sans que je ne me dise que je n’étais qu’une « pauvre fille incapable de faire quoi que ce soit ». Et pour cause, j’étais incapable d’effectuer la moindre tâche du quotidien. Cloîtrée dans mon appartement, je ne sortais qu’en cas d’extrême nécessité, ne prenais même plus la peine de me brosser les dents, de me doucher ou encore de m’habiller car toutes ces choses, aussi simples soient-elles, me paraissaient insurmontables.
Ne plus être capable de prendre soin de moi a certainement été le plus difficile à vivre car jusque-là, j’avais toujours été très coquette. Quand j’étais enfant, mes parents veillaient à ce que je sois toujours bien habillée et bien coiffée. Et j’y ai pris goût. À l’adolescence et au début de ma vie d’adulte, je prenais un plaisir fou à m’acheter de nouveaux vêtements, à me maquiller, à changer de coiffure et à déambuler dans les couloirs de mon école, perchée sur mes talons hauts. Mais cette coquetterie m’a valu bien des critiques. Parce que j’accordais de l’importance à mon apparence, certaines personnes ont jugé que j’étais forcément superficielle, bête, voire même une fille facile (je cherche d’ailleurs toujours le rapport). Bref, des réflexions méchantes et gratuites qui ont complètement détruit mon estime de moi-même.
J’ai compris que je souffrais de dépression et d’anxiété sociale
Avec le temps, j’ai fini par me perdre. D’une fille sûre d’elle qui n’a jamais eu peur de s’affirmer, je me suis renfermée sur moi-même au point d’avoir peur de sortir de chez moi et d’être terrifiée à la simple idée de croiser des gens dans la rue. J’étais tombée si bas que j’avais l’impression d’être coincée dans un trou que j’avais moi-même creusé et dans lequel je ne cessais de reculer. Persuadée que j’étais incapable de m’en sortir, j’ai même pensé au pire et me suis dit à plusieurs reprises que le seul moyen de mettre fin à cette souffrance était d’en finir avec la vie.
Après des années de détresse, j’ai donc pris mon courage à deux mains pour consulter une psychologue, qui m’a expliqué que je souffrais de dépression et d’anxiété sociale. Un diagnostic qui m’a permis de mettre enfin des mots sur mes maux. Ce qui m’a le plus surprise lors de cette première consultation, c’est la facilité avec laquelle je me suis livrée à une personne que je venais tout juste de rencontrer. Comment la jeune femme timide et craintive que j’étais a-t-elle pu autant s’ouvrir à une inconnue ? C’est avec le recul que j’ai fini par comprendre comment et surtout pourquoi.
Nos proches ne sont pas toujours en capacité de nous aider
A plusieurs reprises, j’ai fait part de mon mal-être et de mon manque de confiance en moi à des proches, qui m’ont rétorqué que je n’avais aucune raison d’être triste, que je n’avais pas le droit de déprimer à mon âge et qu’il y avait des gens bien plus malheureux que moi qui rêveraient d’être à ma place. En recevant ces réponses qui déligitimaient ma souffrance, j’ai eu le sentiment d’être incomprise et ai sombré dans le silence. D’ailleurs, personne ne sait le nombre de fois où j’ai éclaté en sanglots, seule chez moi, suppliant le bon Dieu de me venir en aide parce que j’étais trop malheureuse et ne pouvais plus continuer de vivre comme ça.
J’ai ressenti le besoin de consulter un professionnel quand j’ai compris que j’avais besoin de parler à une personne extérieure à mon entourage parce que nos proches ne sont pas toujours en capacité de nous aider. Quand on se retrouve face à une personne qui va mal, on a naturellement envie de lui donner des conseils pour aller mieux. Mais ces conseils sont très souvent maladroits. Pour l’avoir vécu, je peux vous affirmer que dire à une personne dépressive qu’elle devrait sortir plus souvent ou faire du sport « parce que ça fait du bien au moral » ne l’aidera pas. Au contraire, ça la fera encore plus culpabiliser de ne pas en être capable.
N’ayez pas peur de demander de l’aide aux bonnes personnes
Si je me confie aussi facilement à ma psy, c’est parce que je sais qu’elle ne me jugera pas. Pendant mes séances de thérapie, je parle de ce que je veux et ma psy rebondit sous forme de questions auxquelles je réponds. Avec le temps, j’ai compris à quel point les questions qu’elle me pose sont importantes parce que ce sont elles qui m’aident à avancer. Quand je pense répondre à une question de ma psy, je réponds en réalité à mes propres doutes et à mes propres angoisses. Et c’est ça qui m’aide à comprendre ce qui se passe véritablement au fond de moi.
Un an après ma première séance de thérapie, je continue de voir ma psychologue deux fois par mois car si je suis sortie de la dépression, je n’ai toujours pas vaincu mon anxiété sociale. Pour autant, je dresse un bilan ultra positif de l’année qui vient de s’écouler parce que j’ai progressé à pas de géant. Ce que je retiens surtout de ces douze derniers mois, c’est qu’il ne faut jamais avoir peur ou honte de demander de l’aide quand on estime en avoir besoin.
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Je suis tout simplement fière de toi Rime. Reste forte ! Je t’aime fort ❤️!